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Activité: AperoCerveau 2014

 

Rendez vous de 6 familles ANPEIPChez Françoise - en Avignon pour un 
Bistrot-Sciences animé par Jeanne SIAUD-FACCHIN, Psychologue clinicienne et psychothérapeute


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Quand on parle d’enfants précoces, on pense également à enfants surdoués, à haut potentiel, prodiges, virtuoses ou de génie, mais que cachent tous ces termes ? Le fait d’être plus doué que d’autres dans certains domaines entraîne bien souvent des difficultés d’adaptation et parfois des échecs scolaires. Être surdoué n’est donc pas forcément un avantage. Quelles sont les zones du cerveau concernées et, quelles sont les stratégies à mettre en place pour aider ces enfants ?


La soirée d’hier soir au Café des Sciences a été suivie par une salle comble, environ 60-70 personnes. Nous nous sommes retrouvés à 6 parents de l’ANPEIP, dînant à la même table avant le début des hostilités. Soirée très intéressante, même si pour beaucoup les grandes lignes étaient déjà connues.

 

Jeanne Siaud-Facchin a été fidèle à elle-même, prenant le leadership et très à l’aise dans l’animation, avec sa clarté d’expression habituelle. Repris la problématique « Harry Potter » : HP en quête d’adultes capable de comprendre son fonctionnement. La différence de fonctionnement n’est pas quantitative mais qualitative, surtout dans le traitement de l’information. Le traitement est plus global, avec plusieurs axes de pensée simultanés. Arborescent vs séquentiel. La densité des neurones est plus importante dans le lobe préfrontal et la communication est beaucoup plus rapide entre les 2 hémisphères (de l’ordre de 2 fois). Toutes les infos arrivent avec le même niveau d’importance. Les sens sont exacerbés : hyperesthésie. Hyperémotivité, forte capacité d’empathie capable d’envahir complètement l’individu. Des neurones « miroir » permettent de se mettre sur la même longueur d’onde qu’une autre personne et de ressentir les émotions des autres. Mais être EIP n’est pas une pathologie. Il lui est nécessaire d’être compris.

Axe d’aide possible des parents : l’encourager à « surfer » sur ses émotions plutôt qu’à se retrouver bloqué à cause d’elles. Apprendre à savoir les repérer dès le début de leurs manifestations, souvent physiques.

Si elle devait faire de la recherche, sa question n° 1 serait : « Qu’est-ce qui fait que les EIP qui vont bien, vont bien ? ».

Bruno Wicker, chercheur au CNRS en neurobiologie, branché surtout sur Asperger et autisme. Trouve beaucoup de similitudes entre les caractéristiques des Asperger et des EIP. Avec une différence : les HP ressentent beaucoup de choses avec leurs sens et leurs émotions, alors que les Asperger décodent « à froid ». D’où un relationnel beaucoup plus difficile encore. Véritables machines à traiter des informations.

Christophe Marquier, IEN adjoint, référent pour les EIP dans le 84.

Prône formation et sensibilisation des enseignants aux questions EIP. Conscient des difficultés dues au formatage des enseignants au cours de leur formation. Trouver des solutions lui semble une obligation. Nécessité d’une concertation enseignants-parents. La tâche est difficile. Assez souvent nécessité d’un aménagement de parcours, avec ou sans saut de classe. Surtout détecter et éviter l’ennui en classe. Etre conscient que les EIP ont souvent besoin de faire plusieurs activités simultanées. Le QI seul n’est pas suffisant, il souhaite en plus rencontrer enfants et parents.

Conscient du chemin restant à parcourir, qui demande une « révolution culturelle » au sein de l’éducation nationale. Est bien d’accord que c’est à l’institution de s’adapter aux enfants et à leurs différences plutôt qu’à les faire « rentrer dans le moule ». Attire l’attention sur le fait que lorsqu’un enseignant reçoit une demande de parents d’un EIP, il peut se retrouver en situation d’échec : je n’ai rien vu, je ne connais pas ou pas bien, je ne sais pas quoi proposer à cet enfant, je ne fais pas bien mon métier, etc…

Cite l’exemple d’être intervenu auprès d’un enseignant qui ne tolérait pas qu’un enfant ne prenne aucune note durant son cours. L’enfant apprenait et mémorisait parfaitement sans note. Il a questionné l’enseignant sur ce qui le dérangeait vraiment, pour arriver à la conclusion que ce n’était qu’une question de forme à laquelle sa formation d’enseignant l’a habitué, « formaté ».

Parmi les questions :

-          Lien entre « dys » et précocité : il y a plus d’eip qui sont « dys » que des non eip. Les EIP sont sujets à dyslexie et dysgraphie. Environ 1 eip sur 4 serait concerné. Toutefois être « dys » n’implique pas d’être EIP.

-          Lien entre réussite sociale et EIP : pas vraiment de lien. Souvent l’EIP cherche à trouver son chemin propre, hors des circuits préétablis, et sans forcément chercher la réussite sociale. Il lui arrive aussi de changer d’objectif ou de secteur.   A l’inverse la réussite concerne souvent les performants qui ont été formés dans le « moule » standard des parcours de réussite. Toutefois un certain nombre d’EIP sont capables de jouer (ou apprennent à jouer) sur les 2 tableaux : par exemple en étant complètement « dans le système » dans sa vie publique et en dehors dans sa vie privée.

-          EIP et « génies » : ça existe. Par la faculté d‘utiliser des informations sans rapport apparent. Parfois aussi par l’utilisation de l’intuition, qui peut consister à trouver avec certitude des solutions sans pour autant savoir les expliquer.

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